Enrique di Castello |
||
Informations du 2024-11-23 03:14 |
Informations personnelles
|
Informations sur le navire
|
Historique du commandant
La famille du commandant Di Castello est originaire d'Aragòn, dans un pueblo du désert nommé Grìsen, jusqu'au jour où l'ancêtre lointain Juan De Castillo, instituteur, déménagea tout son monde àBarcelona dans les années 1880. De là, dix ans plus tard, ils émigrèrent en Italie dans la banlieue de Torino.
Devenus les Di Castillo, la famille s'intégra parfaitement, d'autant mieux que l'éducation politique héritée de l'ancêtre les prédisposaient às'intégrer dans la montée du socialisme italien. Ainsi, malgré les inquiétants bruits de sabres et de faisceaux qui montaient de la gauche italienne des années 20, le dernier né de la famille, le fringuant Enrique, fit carrière sous les armes de la république qui les avait recueillis. Et alors qu'il vécut de l'intérieur l'arrivée au pouvoir du fascisme, et que les forces armées vibraient au souvenir ressuscité des Césars, le dernier des Di Castillo montait les échelons de la Regia Marina. D'abord Sottotenente di vascello au sortir du cursus de l'Accademia Navale de Livorno, il fit partie des promotions rapides du début des années 30, alors que les chantiers navals crachaient des croiseurs magnifiques, et que la course aux armes pour la domination de la Mare Nostrum atteignait son paroxysme.
Bien plus brillant par son charisme que par ses talents techniques, Enrique n'en fut pas moins promu Capitano di Fregata en janvier 40, et le 10 juin, l'Italie entrait en guerre. Les premières années du conflit furent aussi pleines de gloires que de douleurs.
Affecté àla Xa MAS, recomposée autour d'unités de plus en plus lourdes, il participa àd’innombrables batailles en Méditerranée occidentale, principalement contre les Forces Françaises Libres et la Royal Navy. Sous les ordres de l'amiral Augusto Migliorini, et s'étant imposé parmi les grandes gueules de la flotte, il prenait un grand plaisir àmener son navire au-devant du feu, ce qui lui valut quelques ennuis. Pourtant, après des années de guerre àce régime, il finit par commettre une maladresse.
Les temps étaient dures, la redoutable FANA infligeait de sévères revers, et d'après lui en dépit d'un solide avantage matériel du coté italien. Il faut dire que l'escadron de contre-torpilleurs français ne se régalait jamais tant que sur un ennemi en fuite, et cela n'arrivait que trop souvent, parfois àtort, parfois àraison. Toujours est-il qu'un jour brûlant dans la rade de La Spezia, le ton monta sous le taud, et àbout de nerfs, le Contrammiraglio Di Castillo gifla l'Ammiraglio di Squadra Migliorini.
De l'intense silence qui suivit, l'ex-Contrammiraglio garda un souvenir vivace, tant l'univers semblait soudain froid. Il eut longtemps l'occasion d'y repenser pendant les deux mois qu'il passa aux arrêts. Puis vint un interminable procès militaire, repoussé cinq fois et ajourné trois, car non content de persister, le marin signait ses gestes et ses propos avec un aplomb qui décourageait ses avocats. En définitive, après un an et demi, il fut condamné pour outrage àofficier supérieur et insubordination àun an sans solde ni commandement, et fut rétrogradé de trois rangs. Cela dit, ayant déjàpassé dix-huit mois de procédure plus ou moins en prison, deux ans après l'incident, il retrouvait le large. Sur un chalutier armé en Adriatique. La punition commençait réellement, elle allait durer deux ans de plus.
Alors que sur les mers le pavillon orné de l'aigle et de l'ancre se faisait malmener de toutes parts, le Capitano di Corvetta Di Castillo purgeait sa peine, alternant les commandements auxiliaires, apercevant parfois au loin les batailles qui se déroulaient sans lui. Au moins put-il sentir un remugle d'adrénaline lui courir sur l'échine. Après avoir commandé trois patrouilleurs côtiers en bout de course, deux dragueurs de mines en mer Égée, et un caboteur armé en mer Noire sur la cote roumaine, il finit par en avoir assez, et par s'excuser. Son mauvais esprit et son arrogance lui avaient sans doute coûté environ quatre ans de sa carrière, et tous ses compagnons d'armes, qui ne pouvaient pas décemment soutenir un tel débordement. Mais il s’aplatit tant et si bien devant la commission que la joie perverse de ces messieurs fut rassasiée, et consentirent àle réaffecter àune unité combattante. Sa serviette de documents serrés contre son cœur, il n'osa même pas demander où il partait. Sans un remord pour ses précédents commandements moisis et leurs équipages souvent incapables, il attendit d'être dans le train pour Roma avant d'ouvrir ses ordres. On lui redonnait ses trois étoiles de Capitano di Vascello, quand àl'affectation... Le juron qu'il poussa aurait pu faire rougir Il Diavolo en personne. Mais surtout, l'incrédulité couvrait son visage, tant il était convaincu que l'unité où on l'envoyait n'existait plus. Quand àson futur port d'attache… Il aurait été bien en peine de situer Massaoua sur une carte.
Toujours dubitatif malgré une relecture attentive, il prit le temps d'une dernière formalité, avant sa brève permission en famille àTorino. Il comprenait maintenant le petit sourire mesquin de l'Ammiraglio quand il lui souhaitait de bien en profiter. Avant de prendre le tram pour la maison familiale, il fit halte àla mairie, en grand uniforme, et y déposa sa demande de changement d'état civil. Il était plus que temps de corriger Di Castillo en Di Castello.
L'Espagne, c'était bel et bien fini.
(alias Rôsaru Juzo sur le Front Pacifique)