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Thomas Luwen |
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Informations du 2024-11-21 03:14 |
Historique du commandant
THOMAS LUWEN
La mer était agitée en ce mois d'avril 194x... "C’est la saison, ou en méditerranée, souffle habituellement un vent a décorner les bœufs " Songe le capitaine kommandant Thomas Luwen.
L'emploi d'une telle expression traduisait des origines rurales, de l'arrière pays de Lindau en Bavière par son père, ou de Bellagio en Lombardie par sa mère.
Lui, il n'avait pas voulu suivre l'exemple de ses ancêtres bien trop attachés à la terre… Tout ce qui l’intéresse depuis sa prime enfance c’est ce qui flotte (sauf quand ça fait coin coin…), que ce soit sur le Bodensee non loin duquel il a grandi, ou sur le Lago di Como, ou chaque été il rendait visite à sa Grand-mère maternelle.
Homme d’action par nature, il se prend aujourd’hui à deviser sur son sort… Il n’est pas de ceux qui virent de bord l’adolescence passée, de marin d’eau douce improvisé avec ses frères à la barre de tout nave, boot, barca, skiff, shiff, bark ou autre brigantino a palo, qu’importe le nom, le jour de ses 16 ans il fait son sac et s’embarque sur un vraquier rhenan, direction Amsterdam.
De là commence sa vie en mer. Il se fait engager comme mousse à bord d’un cargo battant pavillon hollandais et apprends les ficelles du métier sur les routes maritimes commerciales qui mènent vers les indes orientales néerlandaises. Au fil des ans, Remarqué pour sa pugnacité et son courage à la tâche, la compagnie qui l’emploi décide de le former.
Il repense alors à cette journée de fin d’Août 1939. En relâche dans le port de Maputo au Mozambique, il était en train de vérifier l’arrimage de la cargaison, conformément à son rôle de second, lorsqu’un officier de la capitainerie l’informe du rappel général des ressortissants allemands.
S’il l'avait su ! Il ne s’était jamais imaginé avoir à servir sous les drapeaux et encore moins sous celui du troisième Reich d’Hitler (qu’il n’appréciait pas plus que ça). Il n’y était pas obligé, ça non ! Mais ce côté aventurier, sa marque de fabrique, l’a fait se présenter au premier poste de recrutement de la kriegsmarine une fois revenu sur le sol allemand.
Le temps d’un passage de quelques mois à Kiel pour faire ses classes et confirmer ses aptitudes de commandement et il sût qu’il ne s’y était pas trompé. Non décidemment le commerce de torpilles et d’obus c’était pas son truc… Mais la guerre lui a donné en quelques mois le commandement d’un navire là ou il lui aurait fallut une dizaine d’années pour prétendre à la même chose en temps de paix.
Est-ce que ça valait bien le coût ?
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Est ce que ça valait bien le coût… Cette question roule, tangue et se retourne dans sa tête. Depuis la passerelle de commandement du S-72. Ballotée au gré des flots de ses pensées, le regard affable à demi éteint perdu sur la ligne d'horizon dentelée par la houle.
Cette nouvelle mission de patrouille côtière en solitaire au départ de Tunis ne lui inspirait rien de bon. Il rumine le bilan du mois passé. La dernière fois ils avaient bien failli y rester. Attaquer seul un convoi allié devenait décidément de plus en plus risqué... En plus d'êtres armés, les cargos et tankers étaient désormais escortés d'une noria de destroyers…
Ils avaient put, lui et son équipage n'en réchapper que grâce a la rapidité et au formidable comportement marin du shnellboot. La méfiance s'imposait désormais face à l’impressionnant déploiement de moyens qui allait croissant depuis le débarquement américain en Afrique du Nord.
Un juron émis par le matelot qui lui faisait office de bosco l’extirpa de sa torpeur : " Scheiße ! Regardez là bas commandant !" Il ajusta la mise au point de ses binoculaires dans la direction indiquée, au NNE.
Plusieurs panaches de fumée trahissaient la présence de navires, probablement ennemis étant donné le secteur. Il fallait en avoir le cœur net ! "Machine avant 3/4 toute, cap au 50 " ordonna t-il tout en remontant les bords de sa veste pour se protéger des embruns.
Max, Le manœuvrier se fendit d’un: «zu Befehl ! » tout germanique et s’exécuta. Dans un vrombissement sourd, les trois moteurs diesel développant près de 1000 chevaux animèrent le navire pour le porter à la vitesse de 25 nœuds.
Effacées les pensées, disparues ! Il faisait son devoir comme tout homme d’action qu’il était. Mû par son instinct il avait déjà donné l'ordre à ses hommes de rejoindre leurs postes de combat et fait charger les torpilles de 533 mm dans les deux tubes se trouvant sur les flancs du navire. Il ne se souvient pas en avoir donné l’ordre mais le claquement sec du flak 37 que l’on arme lui parvint à l’oreille.
Il ne put s’empêcher d’esquisser un sourire de satisfaction. Cet équipage est désormais bien aguerri. Comme Il semble bien loin le temps des débuts sur Tunis… Il est vrai que Niculai, son artilleur Roumain d’origine était de ceux qui lui avait donné le plus de fil à retordre…
Quelques minutes et quelques miles plus tard, il sut qu'il avait vu juste. 3 transports de troupe voguaient là devant, sans doute vers Malte. « Vitesse des navires ennemis estimée à 10 nœud, distance 1 mile commandant,» rapporta l’artilleur de bord.
Un coup d’œil à ses jumelles confirma l’observation lorsqu’une silhouette bien plus rapide surgit de derrière le convoi. Il dut réprimer un frisson a la vue du destroyer tommy. Le navigateur à ses côté ne fut pas dupe à la vue de sa mine déconfite. « La même que la dernière fois commandant ? » questionna t-il. « C’est tout comme lâcha t-il « entre deux injures italiano allemandes »…
A cette parole et alors que les premières salves mal ajustées de ce malveillant représentant de la perfide Albion commencent à pleuvoir autour du navire, et sans en attendre l’ordre, Max pousse le régime moteur au maximum avant de lancer le navire dans un rapide demi tour.
Cramponné au bastingage, il réfléchissait à la situation. Le combat était par trop inégal, fuir puis signaler la position de ce convoi au commandant de la Künstenschutzflottille Süd et revenir la nuit venue pour obtenir le plus de chance de touche sans être trop inquiété par une contre attaque de l’escorteur semblait effectivement être la meilleur solution.
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C’était comme jouer au jeu du chat et de la souris et il est vrai que ça à quelque chose de grisant pensa t-il sans trop savoir s’il aimait vraiment cette sensation. Le Z-72 se trouvait désormais hors de portée et il fit diminuer l’allure afin d’économiser le carburant en attendant l’heure propice.
Le répit fut de courte durée. Vrombissements de moteur en approche, tout l’équipage tend le dos et scrute le ciel d’un regard inquiet, puis tout à coup, dans un sifflement caractéristique, deux chasseurs à ailes elliptiques portant cocardes britanniques font un passage à basse altitude. Aussitôt, les deux sea hurricane, aile dans aile, s’éloignent pour mieux revenir…
Avant qu’il n’est le temps de dire quoi que ce soit, Max relance les moteurs et adopte une conduite erratique, Niculai assisté de deux autres matelots se jette sur le canon anti aérien, pointe et tire rageusement en direction des deux appareils, de son côté le radio lance un message de détresse demandant le soutien immédiat du Jagdstaffeln basé à Tunis.
Lors d’une première passe d’arme, la conduite de l’équipage s’avère payante, les rafales de mitrailleuses encadrent le S-72 de près, mais les deux pilotent imprudemment proche sont rappelés à l’ordre lorsque les tirs du flak 37 effleurent le n°2, une fumée blanche s’échappe du fuselage indiquant des dommages moteurs légers, quelques « Hourras » fusent des gorges de l’équipage. Mais le leader qui déjà engage une demi chandelle suivie d’une demi-boucle descendante est déjà là sur tribord arrière à faire crépiter ses mitrailleuses. A 300 mètres, devinant les embardées de Max, il tir de droite et de gauche de plus en plus précisément au fur et à mesure de sont approche, jusqu’à pouvoir balayer le pont. Un des servants du canon anti aérien s’écroule sans un cri et une détonation sourde retentie.
Un cri du mécanicien signale une avarie mécanique, un feu naissant dans le compartiment moteur est vite maîtrisé mais le S-72 est stoppé net dans son élan, il perd de la vitesse puis met en panne. Au milieu de l’aboiement continu de la flak, Il hurle à ses homme de s’abriter du mieux possible. La troisième attaque réduit Niculai et son arme en un amas de débris fumant et sanguinolents. A cette vue et complètement désemparé, Thomas perd ses moyens et tourne de l’œil…
Combien de temps avait t-il fallut pour qu’il recouvre ses esprits ? il ne pouvait le dire. Toujours est-il qu’il était désormais dans l’eau surnageant parmi les débris entouré de quelques rescapés, pour certains gémissants, tous englués dans le mazout qui s’échappait des réservoirs crevés du Z-72. « Que s’est-il passé ? » demanda à t-il affolé au matelot le plus proche de lui. « La quatrième attaque à déclenché une explosion comma…». Il n’eu pas le temps de finir sa phrase, tué net par une ultime rafale de mitrailleuse des chasseurs qui s’éloignèrent…
« Ca ne vous suffit pas comme ça !» invectiva t-il les pilotes de la Royal Navy dans un flot de jurons. Puis complètement abattu, il songe à lâcher prise. Est-ce son éducation catholique ou encore son ardente soif de vivre qui l’en empêchèrent, il ne le sait pas lui-même.
Il avait le pressentiment que ce n’était pas la fin, cramponné aux débris, il examina la situation et en retira peu d’espoir…
Ca n’en valait vraiment pas le coût…
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Combien de temps a t-il dérivé ainsi au gré des vagues ? Il ne saurait le dire. En tout cas assez longtemps pour subir les tourments de la soif, du froid et pour atteindre un état de semi-inconscience ponctué de fréquents délires.
C’est à peine s’il se souvient du moment où une poigne vigoureuse le sortit de l’eau avant qu'il ne sombre dans le néant. Pour le moment il se réveillait dans des draps propres et l’inventaire de la pièce lui révéla qu’il se trouvait dans une infirmerie, celle d’un navire à en croire la vibration caractéristique d’une machinerie et le léger roulis qu’il ressentait. Un bruit de pas lui révéla la présence d’un médecin ou infirmier qui s’approchait.« Benvenuti a bordo capitano». Cette phrase chantante à l’accent tout méditerranéen d’une langue qu’il connait bien le rassura immédiatement…
Le Torpilleur Classe Ciclone qui l’avait recueilli, l’avait débarqué dans le port de Tarente 2 semaines après son naufrage dont il est au final le seul rescapé. Une fois l’amirauté contactée il sût qu’il devait retourner à Tunis et se voir réaffecter au commandement d’une nouvelle vedette lance torpilles.
L’amirauté italienne ayant pris connaissance de sa bi nationalité et de ses qualités lui proposa de servir au sein de la Regia Marina en lui promettant le commandement d’un destroyer classe Mirabello. Le « courant » passa tout de suite entre lui et le commandant Valentino Liotta qui lui fit cette proposition.
Il ne mit pas de temps à se décider… Il y’a de la promotion dans l’air ! Se dit-il. Et puis de toute façon il a toujours été plus attiré par les « pasta » et le « chianti » que par les « Kartoffeln » et la « bayerischen Bier », sans parler des femmes…
La balafre gagnée lors de sa mésaventure et qui démarrait sous l’œil droit pour finir au milieu de la joue, était loin de lui donner un air patibulaire, Bien au contraire ! Il allait pouvoir passer un peu de bon temps en attendant la réponse positive ou négative de la Kriegsmarine concernant sa mise à disposition !
C’était plutôt bien partie pour lui, toutefois la réponse de l’amirauté ne se fit pas attendre et bientôt il se vit notifier son affectation comme commandant du Destroyer « Giovanni da Verrazzano » au sein de la flottiglia Medusa.
Compte Pacifique : Tohomasu Ruuen